The strange Case Of The Missing Corpse
Scénario
Brian Clemens
Supervision du scénario
Brian Clemens
Réalisation
James Hill
Décors
Harry Pottle
Producteur
Julian Wintle
Résumé de l’épisode
Steed et Emma enquêtent sur la mystérieuse disparition d’un corps…
à propos de ce court métrage
- Ce court métrage en couleurs, destiné à promouvoir la saison suivante, fut filmé dans les décors de Du miel pour le prince et ne fut diffusé qu’aux États-Unis (sur le réseau américain ABC), à la suite de ce même épisode.
- The Strange Case of the Missing Corpse, court métrage en couleurs réalisé sur pellicule 35 mm, a été tourné en mars 1966.
- Le négatif original est intact, et une édition vidéo est aujourd’hui disponible dans les suppléments DVD de StudioCanal (version courte).
Distribution
John Steed : Patrick Macnee
Emma Peel : Diana Rigg
Le « corps » : Valerie Van Ost
Déjà vus dans…
Valerie Van Ost : La chasse au trésor
Les acteurs
- Valerie Van Ost, née le 25 juillet 1944 à Berkhamsted, Hertfordshire, et décédée à 75 ans le 10 septembre 2019 à Hampshire, était une actrice britannique connue pour ses rôles dans les comédies « Carry On » et les films d’horreur de la Hammer. Elle a commencé sa carrière comme danseuse au London Palladium avant de se tourner vers le cinéma et la télévision. En 1982, Valerie Van Ost a quitté le monde du spectacle pour fonder une société de casting avec son mari..
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Commentaire
Ce petit film, destiné au public américain, a été réalisé dans les décors du Miel pour le prince, dans le but de promouvoir le passage des épisodes du noir et blanc à la couleur. Etonnamment, les tenues de nos deux héros manquent de pep et de couleur. Steed est vêtu de marron et Emma de noir ou de blanc, tandis que le fameux «corps» est, quant à lui tout en noir et blanc !!!
L’entrain et la fougue, la couleur de ce court métrage, sont davantage portés par l’échange verbal et la facétie des personnages. Une version de trois minutes nous est proposée ; Dave Rogers prétend que la séquence était en réalité un mini-épisode de vingt minutes. Cette assertion paraît probable car le début du film nous paraît tronqué – si l’on est un peu attentif. Le titre de ce court-métrage publicitaire s’inscrit immédiatement dans un contexte littéraire très XIXe siècle ; en effet, il existe un certain nombre de romans dont le titre s’enorgueillit des premiers mots « the strange case of. », dont, le plus évident peut-être, The strange case of Jekyll and Mister Hyde ou The strange case of Cavendish de Randall Parrish. Il donne une certaine patine.
« The missing body » est la désignation possible d’un McGuffin propre aux Avengers. Un prétexte qui suffit à justifier les aventures délirantes de nos deux amis et qui ne dissimule rien d’autre qu’un pur divertissement ; autodérision absolue. S’il n’y a pas de corps, il n’y a pas de crime. Hitchcock est parmi ceux qui l’avaient parfaitement compris.
Emma Peel parle de « corpus delicti ». Il s’agit de l’essence du crime. La loi ne permettait pas de convaincre quelqu’un de meurtre, par exemple, tant que le cadavre n’était pas découvert. En effet, il est arrivé que des gens aient été exécutés, condamnés pour meurtre, et la supposée victime réapparaissait ensuite. La loi était sage mais insuffisante ; on ne peut donc réputer que quelqu’un a été assassiné (ou persuadé de n’importe quel autre crime) que sur la base de preuves fermes, même si le corps du délit demeure introuvable. Emma Peel et John Steed jouent ici, sans répit, avec l’expression, qu’ils retournent en tout sens. Le « corps du délit » n’est pas nécessairement un corps humain. Et le corps n’est pas obligatoirement un cadavre !
Mais « The corpse » se transforme en « The body »1 gainé de bas couture et résilles. Son long pull constitue son seul vêtement ! Il est incarné par Valerie Van Ost, que l’on a le plaisir de revoir dans La chasse au trésor. Elle fut pressentie pour remplacer Diana Rigg. Sa fraîcheur et sa malice sont deux grands atouts. On remarquera la main toujours baladeuse de Steed qui palpe, à la fin de la scène, son postérieur.
Fin connaisseur, il jauge les talents potentiels de la demoiselle.
Le jeu entre les deux acteurs dit leur immense complicité. Diana Rigg est plus démontée que jamais. Les bruits qu’elle imite sont un délice pour le spectateur.
Résolument parodique et humoristique, ces quelques minutes sont un joyau et un condensé de tout ce qui fait le charme de la série. Chacun des acteurs énonce ses caractéristiques, qui font le sel de leur rôle respectif. A Emma, moulée dans le cuir, la bagarre ; à Steed, l’escrime et la joute verbale, et le sang-froid du parfait gentleman.
Plusieurs épisodes sont évoqués, afin de jouer avec la mémoire du spectateur et d’établir immédiatement une complicité : lorsque Mrs. Peel parle d’un hôtel quatre étoiles, elle évoque l’épisode Avec vue imprenable, quand Steed recherche le corps du délit dans une théière on songe à la bombe atomique qu’il essayait de dénicher dans des crackers (Mort en magasin) ! Lorsque s’élève le drapeau de l’Union Jack le thème musical nous fait songer aux Espions font le service, etc.
Notons que la combinaison de cuir d’Emma sera remisée au vestiaire, car elle n’apparaît plus dans la saison couleur. A une exception : Meurtres à épisodes, mais le cas est particulier. Diana Rigg n’aimait pas particulièrement cet habit qui lui colle néanmoins à la peau dans la mémoire des fans.
On retrouve ici, parfaitement souligné, le rapport entre réel et illusion qui provoque un effet de bascule perpétuelle dans la série : les bruits qui accompagnent les choses invisibles (Cf. par exemple lorsque Tara brise une vitre en jouant au golf invisible !) sont ce que l’on appelle, en analyse textuelle, une forme de métalepse, dans la mesure où ils produisent l’entrechoc entre deux types de réalité bien distincts. Ce procédé encourage également le rire et, en même temps, inconsciemment, nous ramène à l’un des attraits premiers de la série : vivre, pendant environ cinquante minutes, dans un îlot de fantaisie au sein d’une réalité tellement plus brutale.
Le soin apporté à ce qui n’est, finalement, qu’un film promotionnel est caractéristique de la qualité d’ensemble de la série. Cette friandise est délicieuse et concentre, en l’espace de quelques minutes, la quintessence de Chapeau melon et bottes de cuir : la dérision, qui permet aux héros (et aux spectateurs) de ne jamais adhérer au réel, attitude qui crée un espace hors des nécessités de la vie ordinaire, hors de ses maux et de ses dangers. Tout n’est que jeu et illusion. Comme dans un rêve ou une fiction. Pour notre plaisir.
- Corpse est un mot qui provient du vieux français, issu du latin corpus. Il désigne en anglais moderne un cadavre, bien qu’il signifie en vieil anglais un corps, vivant ou mort. ↩︎
Citation
Emma Peel : You fence with him.
Steed : Right !
E.P. : Verbally.
S. : Eh ? Ooh.
E.P. : He plies you with Champagne.
S. : Very nice of him. An excellent vintage. For a diabolical mastermind.
E.P. : Don’t drink it !
S. : Poisoned ?
E.P. : Or worse !
Emma Peel : Vous croisez le fer.
Steed : Oui !
E.P. : Des joutes verbales.
S. : Hein ? Ah bon.
E.P. : Il vous abreuve de champagne.
S. : Comme c’est gentil de sa part. Un excellent cru. Pour un cerveau diabolique.
E.P. : Ne le buvez pas !
S. : Empoisonné ?
E.P. : Ou pire !
Qu’est-ce qui peut être pire qu’être empoisonné ? Mais boire un mauvais millésime, bien entendu !
Transcript
SCÈNE 1
Emma Peel : Right ! Where is it ?
Steed : Where is what ?
Emma Peel : The body !
Steed : The body ?
Emma Peel : Mm ! The corpus delicti ! While no particular could be stabbed, strangled, riddled with bullets, mutilated beyond recognition !
Steed : You’re quite right ! Until we find a body…
Emma Peel : We’ve nothing to investigate !
Steed : We’re defunct !
Emma Peel : Obsolete !
Steed : Out of business ! Something is bound to turn up, there’s always a body hanging around… Somewhere. After all, is anyone’s body we need…
Emma Peel : I remember discovering three in one night ! One was in the closet, another one was underneath the bed, and the third one arrived on my breakfast tray ! And it was a four stars hotel !
Emma Peel : Steed, it’ll be a crime if we don’t find a body…
Steed : It’ll be a crime if we do !
Emma Peel : Aah ! But then I get the chance to exercise my feminine wiles.
SCÈNE 2
Emma Peel : Attacked, I fight. Back and forth.
Steed : Forth and back !
Emma Peel : I’m losing !
Steed : No !
Emma Peel : No ? Ooh. A leg trip…
Steed : A prodigious throw. Very Good ! Meanwhile I’m invited to dinner by the diabolical mastermind.
Emma Peel : Of course it’s a trap.
Steed : He wants to find out how much I know !
Emma Peel : How much do you know ?
Steed : Aah.
Emma Peel : You fence with him.
Steed : Right !
Emma Peel : Verbally.
Steed : Eh ? Ooh…
Emma Peel : He plies you with Champagne.
Steed : Very nice of him. An excellent vintage… For a diabolical mastermind.
Emma Peel : Don’t drink it !
Steed : Poisoned ?
Emma Peel : Or worse !
Steed : Not… Never fear. Toss the glass in his face. Fell him with a single blow.
Emma Peel : I burst in shooting… Brrr !
Steed : The secret of the double–barreled atomic sock knitter is safe !
Emma Peel : The nation is secure !
SCÈNE 3
Emma Peel : Feels very strange without a body.
Steed : Not like home at all.
Emma Peel : I feel a deep sense of loss.
Steed : When you think of all the bodies we had in the past…
Emma Peel : More than we needed sometimes…
Steed : Didn’t know we were lucky ! The bare skin rug. We haven’t looked under there.
Emma Peel : Steed, have you ever heard of finding a body under a bear skin… Bare skin… It is a body !
Steed : A woman’s body.
Emma Peel : But it’s alive !
Steed : I don’t mind. I’ll handle this personally.