Contexte général

Ces deux « objets filmiques » relèvent de l’anecdote et du mystérieux. En effet, ils ne présentent pas un intérêt grandissime, que ce soit du point de vue de la narration, de l’intrigue ou de la réalisation, mais, en même temps, paradoxalement, ils attisent l’imagination des fans de Diana Rigg alias Emma Peel, à cause de leur rareté et de leur diffusion clandestine. On aurait presque pu penser qu’il s’agissait d’une arlésienne. Ils ont été, nonobstant, largement distribués en France, grâce à un fan-club bien connu…

Il s’agit de deux petits films visiblement tournés en super-8 ou, pour le moins, proposés aujourd’hui sous cette forme. Nous parlons, par conséquent, de films semi-professionnels, puisque le super-8 est une technique adoptée plutôt par des amateurs, mais pas exclusivement, loin s’en faut ! Les bobines de Das Diadem et Minikillers mesurent respectivement 60 mètres et 120 mètres.

Le doublage — musical exclusivement —, puisque ce sont des films muets et dépourvus d’intertitres, a donc été rajouté après coup. La musique de Diadem est plus classiquement dans l’esprit des Avengers, elle est incisive et reprend des mesures connues des fans, tandis que celle de Minikillers présente un aspect plus déhanché ou plus psychédélique.

La « légende » associe systématiquement ces deux « OFNI », mais rien ne prouve qu’ils ont été commandités par la même personne, même si cela semble très probable, puisque la même maison de production en est à l’origine. Rien dans la réalisation ou le parti pris narratif — l’expression est pompeuse eu égard à l’ambition affichée des deux films — ne les affilie pourtant l’un à l’autre… Le dénominateur commun est simplement Diana Rigg dans un rôle proche de celui d’Emma Peel. Certains clins d’œil aux Avengers sont parsemés avec plus ou moins de bonheur dans les deux œuvres.

Les bobines sont présentées dans des boîtes en carton. Celle de Diadem arbore la photo en couleur de Diana Rigg assise dans un feuillage, une mitraillette à la main (scène que l’on ne retrouvera pas dans le film — dans notre copie, pour le moins… — et qui illustre, par conséquent, fort mal le projet). On peut lire sur la face avant de la boîte : « Diana Rigg bekannt als Emma Peel » [Diana Rigg connue sous l’identité d’Emma Peel], expression qui vend le produit comme un avatar des aventures d’Emma Peel. Sur la tranche du boîtier original, on peut lire : « das diadem – spannender Krimi ! », ce qui signifie : « Le Diadème – Un excitant thriller ». La déclaration est quelque peu mensongère ou le film surestimé !

L’emballage de Minikillers est moins loquace : on aperçoit une Emma Peel vêtue d’un ciré jaune qui se cache derrière le pan d’un bateau. La scène est, cette fois-ci, extraite du film que nous avons en main.

Das Diadem

Das Diadem est un court-métrage de 1966 — soit l’année où Diana Rigg a décidé de quitter la série —, qui se présente dans la lignée de l’expressionnisme allemand. Il est difficile de comprendre ce qui a motivé Diana Rigg, alors qu’elle donnait l’impression de vouloir rompre avec son passé d’Avengers’ girl. Le film dure environ un petit quart d’heure, contrairement à ce que M. Liardet écrit dans son livre publié aux éditions Yris, qui confond Diadem et Minikillers. Il existe, en vérité, plusieurs versions dans la nature de ce film, d’une durée allant de 13 à 20 minutes environ.

Il a été filmé en Allemagne. Aucun crédit n’apparaît à l’écran !!! En tout cas, pas dans la version que nous possédons. Aucune trace de ce dernier n’est disponible dans nos sources, aussi bien livresques que sur internet. Si une âme charitable en sait plus, qu’elle nous en fasse part !

The Minikillers

The Minikillers est un court-métrage de 28 minutes, divisé en quatre petits films, dotés chacun d’un générique bien distinct. Il a été réalisé en Espagne. Il est contemporain, dans la carrière de Diana Rigg, du film de Basil Dearden, The Assassination Bureau.

L’ensemble date de 1969 et a été réalisé par Wolfgang von Chmielewski et écrit par ce dernier, ainsi que par Michael von Chmielewski.

Les acteurs qui se prêtent à ce jeu sont les suivants : Diana Rigg, José Nieto, Jack Rocha1, H. Coscollin, Mme Million et El Sali. José Nieto a relativement beaucoup tourné en Espagne, son pays d’origine. Jack Rocha a eu une carrière peu fournie et H. Coscollin, Mme. Million et El Sali se sont limités à cette seule et unique participation. Je n’ai à ce jour trouvé aucune trace de ces figurants.

Le réalisateur n’a à son actif, d’après mes recherches, qu’un seul épisode de la série allemande Sonne, Wein und harte Nüsse, en vingt-huit épisodes, ainsi qu’un long métrage intitulé Hurra, bei uns geht’s rund.

Le producteur de cette petite folie est H. G. Lückel, D. Nettemann. Le film est copyrighté « Accentfilm GmbH International ». D’après les registres, cette compagnie n’aurait à son actif que ces deux mini-films… Étonnant, non ? L’adresse, d’après Mike Noon, sur son site Dead Duck, de la société aurait été : Accentfilm GmbH International, 433 Mülheim / Ruhr, Wallstr. 14, Germany.

On apprend, toujours sur le site de Mike Noon, que Minikillers aurait été présenté à l’origine, dans un magazine, comme un véritable film, photographies promotionnelles à l’appui… mais, finalement, il ne reste de ce projet que 28 minutes… Mystère, mystère. Nous n’avons pas eu ce magazine sous les yeux, donc difficile de juger de la véracité de tout ceci. Nous poursuivons nos investigations à ce sujet à l’heure où vous lisez ces lignes.

Le crédit au générique se présente ainsi :

Photography : Josef Kaufmann
Camera assistant : Gerd Weiss
Score: Johnny Teupen, H. Rettenbacher
Production assistant: H.G. Tienemann
Script girl : Ulrike Kercher
Unit manager : Virgilio Valle
Film editor: Erika Winter
Make-up: Ingrid Hartkopf, Waltrand Winkler
Technical assistant : Lothar Büscher
Title mirrors : Vittorio Bonato
An Accentfilm Production

Chronique succincte et néanmoins détaillée de Diadem

Das Diadem est le plus surprenant de ces deux petits films et, en même temps, celui qui, paradoxalement, a le moins de sens ou de lisibilité — au premier abord, en tout cas. Il a gagné notre préférence sans difficulté. Il y a une réelle volonté esthétique dans ce court-métrage, qui mélange plusieurs genres ou intonations. Certes, tout ceci est maladroit, mais pas complètement idiot ni inintéressant.

J’ai eu l’impression — toutes proportions gardées, n’exagérons rien (!!!) —, en le regardant pour la première fois, d’avoir affaire au Chien andalou de Buñuel. Surréaliste est le mot qui convient pour exprimer l’aspect plastique qui se dégage de cette dizaine de minutes en noir et blanc.

Il y a aussi certains éléments qui font songer à l’expressionnisme allemand. Le surréalisme étant lié à l’expressionnisme, bien évidemment.

L’objet même du diadème, qui donne son nom au film, est plus symbolique qu’il n’y paraît d’emblée.

Mais qu’est-ce que l’expressionnisme, en deux ou trois mots ?

L’expressionnisme allemand est un courant très important dans le cinéma muet des années 1920 (et dans la littérature, premièrement). Un des modèles du genre est le film très célèbre de Robert Wiene, Le Cabinet du docteur Caligari, Metropolis, Les Trois Lumières (Der Müde Tod), la série des Mabuse de Fritz Lang ou encore les films de Murnau.

Il se traduit par sa capacité de suggestion d’« émotions métaphysiques », transmises par la production d’images étranges, souvent peintes, et par un usage très maîtrisé de la lumière et des ombres. L’expressionnisme produit un décalage entre le réel du sens commun et celui qui est donné à percevoir, dans un halo d’étrangeté et de symbolisme.

Un des épisodes des Avengers exploitera quelque peu ceci — pour une part, en tout cas : Epic. Cet épisode étant un hommage à divers genres cinématographiques, nous y reviendrons dans une prochaine chronique.

Au fond, ce symbolisme présente un monde en marge, un univers onirique où le bizarre est le fin mot de l’histoire. Avec ses perspectives de cauchemar et ses maquillages semblables à des masques, les personnages errent dans un univers à la tonalité gothique.

La conscience du spectateur se scinde, et il doit trouver une voie inexplorée dans sa propre pensée, dans l’image qu’il projette en lui de l’univers qu’il habite. L’intrigue est hallucinée, l’atmosphère fantastique et invraisemblable. Le spectateur sombre dans une demi-conscience, comme s’il était sous l’effet de substances illicites. La rationalité n’est plus de mise.

La scène où Diana Rigg pénètre dans le repaire des vilains emprunte à Horace Walpole et à Ann Radcliffe, pour ne citer que les références les plus notoires.

Le cinéma allemand n’a eu de cesse d’associer l’inspiration expressionniste aux thèmes classiques de la littérature fantastique et au roman gothique anglais — avec Bram Stoker, qui inspira Nosferatu de Murnau. L’expressionnisme manifeste également un excès théâtral, très perceptible dans l’outrance des gestes et des situations.

Eu égard au fait que tout le monde n’a pas la chance de pouvoir visionner ces deux courts-métrages, nous vous proposons un résumé détaillé à l’extrême.

Première partie

« Emma Peel » pilote un avion. La musique ressemble à celle, bien connue des fans, qui accompagne de temps en temps l’héroïne des Avengers. C’est le « thème d’Emma ». Un œil cadré en plan très rapproché nous fait songer au Joker. À peine atterrie, Emma se recoiffe d’un geste sensuel. Elle sort de l’avion, munie d’un petit coffre qui ressemble à s’y méprendre à un vanity-case — qui est le meilleur ami de la femme, comme chacun sait ! Puis, elle s’engouffre dans une Mercedes décapotable (une 300SL, si nous ne faisons pas erreur, n’étant pas fins connaisseurs des voitures allemandes) immatriculée XY25689. Elle porte une micro-jupe, qui lui sied à ravir, ainsi qu’une veste assortie et une paire de longues bottes en cuir. Elle se gare devant une maison, qui a de bonnes chances d’être la sienne, dans un quartier résidentiel. Un plan rapproché sur son rétroviseur nous montre qu’elle est suivie et surveillée. Elle semble excessivement pressée et rentre en trombe dans cette maison, qui n’est pas fermée à clef ! L’intérieur de la maison est très cossu. Emma s’installe dans un canapé en cuir et ferme le coffre ambulant au moyen d’une clef qu’elle porte en pendentif. Puis, elle s’engouffre à nouveau dans une Mercedes décapotable (une 300SL, si nous ne faisons pas erreur, n’étant pas fins connaisseurs des voitures allemandes) immatriculée XY25689. Elle dissimule la boîte dans un coffre mural encastré dans une bibliothèque et compose pour le spectateur un air très satisfait.

Un homme, chauve, aux yeux un peu charbonneux, l’espionne. Elle sort de sa maison, vêtue d’une chemise à jabot (très XIXe siècle, très gothique), d’un gilet sans manche et d’un pantalon près du corps. Son allure est très décidée. Elle s’empare d’une bouteille d’oxygène, providentiellement placée dans son garage, ainsi que d’une combinaison. Nous avons droit à un mouvement de caméra qui offre une perspective en plongée.

Deuxième partie

Nous retrouvons sans transition Emma en train de barboter avec des dauphins ! La scène est plutôt joliment filmée puisque le corps d’Emma se confond, pendant quelques instants, avec celui d’un dauphin. Elle n’a jamais paru autant sirène ! Mais un œil observe toujours notre héroïne favorite. Puis, l’œil indiscret devient une paire de jumelles. S’en suivent des séquences superposées à la vitesse grand V, accompagnées de quelques notes d’une musique stridente à la Bernard Hermann dans Psycho. Tout ceci distille une certaine angoisse. Quelqu’un plonge à l’endroit précisément où Emma a nagé avec les dauphins, tandis que cette dernière rentre chez elle. Cet homme, entièrement vêtu d’une combinaison et d’un masque de plongée, cherche quelque chose dans l’eau. Emma aurait perdu un objet.

Tout à coup, Emma, de retour dans ses pénates, se rend compte qu’elle a perdu sa clef-pendentif dans l’eau et elle se précipite sur les lieux ! L’homme-grenouille s’apprête à sortir de l’eau, mais s’engouffre à nouveau dans les flots lorsqu’il voit Emma se précipiter vers lui. Une grille se referme dans le bassin et le dissimule à notre vue. Emma essaie en vain d’ouvrir une porte qu’elle finit par faire sauter avec du plastique. Où l’avait-elle dissimulé ? Elle, qui ne s’embarrasse même pas d’un sac à main ! Elle se retrouve dans un lieu rempli de canalisations ; s’ensuit un jeu de cache-cache entre elle et l’homme à la combinaison de plongée. Alors, Emma poursuit l’homme à travers ce qui donne l’impression d’être une salle des machines d’un sous-marin ! L’homme dévisse une vanne et envoie un jet de pression ou de gaz toxique (je penche pour la seconde hypothèse, bien qu’elle soit peu plausible). Emma ne résiste guère à cet assaut. Un gros plan indique « Exit » à côté d’une échelle en métal qu’il lui suffirait de gravir afin de respirer de l’air pur. Cette pancarte fait peu sérieux ; elle a son pendant plus loin dans le film avec celle qui indique une « déviation ». Finalement, elle parvient à s’enfuir et se retrouve dehors ! Elle se jette dans sa luxueuse automobile et file chez elle… pour s’installer confortablement dans son canapé et boire une coupe de champagne ! Le coffre ouvert nous laisse contempler son contenu : une authentique tirelire en forme de petit cochon ! Emma se ressert une coupe, à côté de l’homme évanoui. On saluera cet esprit de dérision. Cette attitude est très emmapeelesque, quand on y songe.

Au même moment, d’autres lèvres embrassent un verre d’alcool : celles d’un homme très brun, au profil grec, entouré de jeunes femmes et de toute une clique, dans un lieu qui pourrait être un bar.

Emma reçoit l’appel téléphonique d’un homme qui tient entre ses mains la clef de son coffre. Visiblement, il lui propose un marché. Emma finit sa coupe. Puis, soudain, une idée lui traverse l’esprit et elle reprend sa course. Elle arrive à l’endroit que nous évoquions précédemment. Un homme lui fait de l’œil. Mais Emma cherche son homme. Comment pourrait-elle le reconnaître ? Des bouches d’hommes filmées en gros plan semblent prêtes à la dévorer. Elle manifeste son inquiétude. Elle s’enfuit.

Pendant ce temps, l’homme qui a volé sa clef est en train, dans sa maison, d’ouvrir son petit coffre ! Emma rentre chez elle, le surprend la main dans le sac et lui assène quelques coups de pieds choisis. Il ramasse un revolver. Un corps à corps a lieu, dont Emma sort victorieuse. La séquence est familière pour les fans des Avengers. Le coffre ouvert nous laisse contempler son contenu : une authentique tirelire en forme de petit cochon ! Emma se ressert une coupe, à côté de l’homme évanoui. On saluera cet esprit de dérision.

Troisième partie

Emma, dans sa voiture. Une main dessine un trajet sur une carte. Probablement s’agit-il de celui qu’emprunte Emma. Elle roule vite. Un homme la prend en chasse. Un autre individu, portant un bas de nylon sur le visage, se précipite sur la route et dépose un panneau (« Umleitung » : « déviation » en allemand). Il converse par talkie-walkie avec le conducteur. On se croirait dans un cartoon, tant tout ceci n’a rien de vraisemblable. Emma ne se laisse pas prendre dans ce piège grossier et poursuit sa route. Le conducteur informe son complice de l’échec de leur plan. Celui-ci est dans une maison à l’apparence luxueuse. Il sort un serpent (à sonnette ?) d’une jarre et le laisse tomber à terre. Emma se gare devant cette maison. Elle y entre. Les portes ne sont-elles jamais fermées à clef ? Diantre ! Pour toute lumière, une bougie allumée. Emma s’en saisit. Le serpent progresse à terre, dans sa direction. Il frôle son pied. Elle observe la maison, distinguée par des tableaux de maître et par des objets lourds. Un fragment de bas-relief accroché quelque part retient son attention. Dans un miroir, elle contemple, à la lueur de sa chandelle, son reflet et aperçoit une main gantée, au bout de laquelle se tient un revolver. Elle laisse tomber la bougie et se bat avec l’homme au bas de nylon. Elle le met K.O., puis se débarrasse de son acolyte avec autant de facilité. Un diadème en diamants gît à terre. Elle roule vite. Un homme la prend en chasse. Un autre individu, portant un bas de nylon sur le visage, se précipite sur la route et dépose un panneau (« Umleitung » : « déviation » en allemand). Il converse par talkie-walkie avec le conducteur. Elle le ramasse. On se doute qu’il s’agit du contenu dérobé de son coffre. Elle s’enfuit par un escalier en colimaçon (élément, une fois de plus, au service de l’atmosphère souterraine et spiralée du film). Les deux hommes se réveillent entre-temps et la poursuivent. Elle se camoufle dans un grand coffre. Un des hommes mitraille ledit meuble. On pense légitimement qu’il en est fini de cette vaillante Emma. Que nenni ! Lorsqu’ils ouvrent le coffre, il est vide… Quel tour de passe-passe ! Le coffre donne, en fait, accès à un souterrain (loi du roman gothique s’il en est !).

Pendant ce temps, l’homme qu’elle avait laissé assommé chez elle arrive. Le serpent le tue. Aussi sec ! Une image est extrêmement expressionniste : celle où le serpent s’enroule autour de son cou.

Emma se rend au bord d’un bassin où pataugent des cygnes ! Visiblement, elle a envie de se débarrasser de quelque chose. Elle retourne à la maison des vilains de service et combat à nouveau avec eux ! Elle ne leur laisse, bien entendu, aucune chance. Le combat est inéquitable face à une telle tigresse… Ils se retrouvent donc à l’eau. Elle se recoiffe et fait des mamours à un cygne, puis se met à rire.

Un des hommes sort de l’eau, piteux. Emma est dans sa voiture et roule en direction de sa maison. Le film s’arrête à cet instant précis.

Hypothèses

  1. Le diadème, le cygne et le dauphin, qui sont les trois éléments proéminents de ce court-métrage, appartiennent au langage de l’astronomie profane. Il serait donc très curieux que cette congruence de symboles soit le fait d’une simple coïncidence. Voici ce que nous disent les légendes attachées aux constellations :
  • Ariane, abandonnée par Thésée alors qu’elle l’avait sauvé du labyrinthe, devint inconsolable. Sa tristesse la dévora. Bacchus, ému, lui offrit un sublime diadème. À la mort d’Ariane, cette couronne fut conservée dans le ciel. Plus tard, les pierres précieuses furent transformées en étoiles.
  • Arion de Méthymne, poète et musicien, se jeta à la mer pour fuir l’équipage rebelle de son bateau. Un dauphin, attiré par les sons de sa lyre, le sauva et l’emmena en lieu sûr, au cap Ténare, en Grande-Grèce. Ce dauphin brille dans le ciel en hommage à son amitié envers l’homme.
  • La première occurrence du Cygne fait référence à la trace laissée par un incendie qui subsiste dans le ciel et qui constitue la Voie lactée. Cet incendie fut provoqué par Phaéton, fils d’Hélios et de la nymphe Clyméné, qui un jour emprunta le chariot de feu de son père afin de prouver à tous ses origines divines, car elles étaient contestées. Mais, pendant sa démonstration, il mit le feu sur la Terre et précipita l’élément dans l’Eridan après l’avoir foudroyé. Cependant, Cnidus, ami de Phaéton, supplia Zeus de lui pardonner et de le sauver. Alors, Zeus plaça Cnidus dans la Voie Lactée, comme symbole de l’amitié fidèle. On peut encore le voir sous la forme de la constellation du Cygne, dans les vestiges de l’incendie provoqué par son ami Phaéton. On dit aussi que Cygnus était un héros troyen, tué par Achille, transformé en un cygne blanc par son père Poséidon, et placé dans le ciel.

La mythologie gréco-romaine lie ces trois éléments : le cygne et le dauphin sont les attributs d’Aphrodite (Vénus). Son mari, Héphaïstos, lui confectionna une parure de bijoux… dont sûrement un diadème… L’astronomie et la mythologie sont intimement liées, et l’on pourrait citer une multitude de cas reprenant ces trois symboles, avec des variantes. Il est donc difficile de se prononcer sur les idées du « réalisateur » de Diadem. Probablement est-ce accorder trop de sérieux au projet, mais sait-on jamais…

Chronique succincte et néanmoins détaillée de Minikillers

The Minikillers n’a pas de tonalité aussi définie ou apparentée à un genre cinématographique connu et répertorié que Das Diadem. Toutefois, il y a un esprit très jamesbondien qui parcourt ces vingt-huit minutes.

Le générique présente une image déformée de plusieurs poupées identiques. Tout ceci est très psychédélique et kaléidoscopique. La musique est syncopée, un peu agaçante : crispante est le mot. Elle scande le titre : « Minikillers ! Minikillers ! ».

Ces quatre petits films sont reliés entre eux par la présence des mêmes protagonistes : une jeune femme (Diana Rigg) dont le comportement ressemble à celui d’Emma Peel (mimiques identiques, karaté et facétie du personnage, etc.), un vieux beau riche comme Crésus, un garde du corps chauve et ridicule. Le principe est toujours le même : la pseudo-Emma doit échapper à son agresseur (le garde du corps), pendant que le vieux beau commandite sa disparition tout en flirtant à distance avec elle.

Le dernier film du quatuor met l’ersatz d’Emma dans une position très délicate, qui n’est pas sans rappeler certaines situations bien connues des Avengers. Celles-ci évoquent Le tigre caché (le mécanisme à distance qui permet de tuer), Dans sept jours le déluge (la situation délicate finale dans laquelle se retrouve notre héroïne de chic et de choc, face à une presse qui risque de l’écrabouiller), et la structure de rappel des quatre mini-épisodes fait songer à la « saga » des Cybernautes.

Première partie : Operation Costa Brava

Une plage, quelque part au soleil. Une musique hispanisante. Le décor est posé. « Emma Peel » en vacances. Un hôtel. Un homme observe quelque chose à la jumelle. Un autre ouvre une valise truffée d’informatique et déplie une antenne.

Emma surgit, vêtue d’un bikini riquiqui, sous une chemise rouge, et un homme à la fine moustache la regarde passer, la dévorant des yeux. On aperçoit un bâtiment qui porte une enseigne que l’on ne peut déchiffrer entièrement : « Kim’s ladies… ».

Emma se prélasse au soleil et lit au bord d’une piscine. Un grand homme chauve (le même acteur que dans Diadem ?) s’assoit non loin d’elle et semble attendre quelque chose. Il manipule les aiguilles d’un chronomètre pendant que deux hommes observent la scène avec des jumelles. Un des deux sort un fusil avec un viseur.

Une scène surréaliste : une poupée s’avance (voir la vidéo). Les bras tendus. Un homme la prend dans ses bras, l’air joyeux, tandis qu’Emma suit la scène, très amusée. L’homme chauve appuie sur le chronomètre, qui affiche deux heures et demie, et la poupée envoie avec ses yeux un liquide, qui provoque d’abord l’hilarité de l’homme qui la tient, puis sa mort.

Visiblement, l’homme au fusil a été devancé dans son projet d’assassinat. Mais ceci n’est pas très clair.

Bousculade. Tout le monde se rue vers l’homme. Emma ramasse la poupée et part. Le grand chauve est consterné. Il informe un complice de la difficulté qui se présente à eux.

Emma ressurgit, toute de noir habillée, chemise et pantalon. Un homme la guette, l’attaque par derrière ; elle le met à terre. Il part, piteux, en se frottant le dos. Emma rigole. La musique exprime cet amusement avec quelques notes enfantines.

L’homme a laissé derrière lui le chronomètre qui sert de télécommande et Emma le démonte, tout en câlinant la poupée. Quelle innocence tout de même ! Le procédé est grossier.

Une main anonyme fait pénétrer une poupée jumelle de la première dans sa chambre d’hôtel. Emma ne voit rien ! Mais le spectateur ne tremble pas. Tout ceci ressemble trop à une vaste plaisanterie.

En manipulant le chronomètre, elle fait agir la seconde poupée (cela lui sauve la vie), pensant donner vie à la première, qui semble cassée. Elle part, prenant un sac de plage, vêtue cette fois-ci d’une robe courte bariolée. La poupée répand son liquide mortel en pure perte.

Seconde partie : Heroin

Même musique qui fleure bon l’Espagne. Une plage. Emma étendue, qui bouquine. L’esprit léger. Elle observe des plongeurs (décidément, ce thème est présent d’un film à l’autre). Elle prend des photos et fixe un bateau au loin. Deux hommes l’observent avec deux paires de jumelles. Emma est beaucoup regardée !

Sur ce bateau, plein d’hommes (on reconnaît ceux du premier « épisode ») et quelques femmes manipulent des poupées. On n’y croit pas une seconde.

Emma épluche une pomme lorsqu’elle aperçoit un mannequin vêtu d’un maillot de bain (voir la vidéo). Une poupée grandeur nature ! Soudain, elle se voit entourée d’une multitude de grandes poupées ! Nous ne sommes pas dans la quatrième dimension, mais cela y ressemble deux secondes.

À distance, sur le bateau, les poupées sont manipulées. Elles avancent vers Emma et du sable surgit sous la forme d’un filet !

Emma se retrouve prise dans le filet et entraînée vers l’eau. Cette séquence est assez audacieuse et plutôt réussie. C’est curieux comme le très bon (cette scène) et le très mauvais (tout le reste !) se côtoient dans ce film.

On ne sait pas très bien comment Emma réussit à s’échapper, mais les hommes du bateau ramènent un filet dans lequel ne subsiste plus qu’une grande poupée. Exit Emma !

On la voit s’agripper au canot du bateau et monter sur ce dernier. Elle a perdu en cours de route sa robe et se trouve en bikini blanc.

L’homme à la moustache, le cerveau de l’affaire, est très mécontent. Il donne des ordres à coup de gestes violents, pendant qu’Emma fouille le bateau. Elle découvre la photo de deux agents d’Interpol marqués d’une croix blanche. L’un d’eux est celui qui a été tué précédemment. Le mot Interpol inscrit sur la photo fait sourire… jaune.

Le chef des vilains pénètre dans la cabine où s’est réfugiée Emma, une poupée à la main. Elle essaie de cacher sa presque nudité. L’homme ne tente rien pour l’attraper. Il appelle du renfort, pendant qu’Emma explore les lieux, ayant trouvé un ciré jaune au passage.

Elle découvre une poupée qu’elle examine sous toutes les coutures, allant même jusqu’à soulever sa petite culotte en riant. Tout ceci sonne très faux dans le jeu de Diana Rigg. On se sent embarrassé pour elle. Étrange sensation. D’autant plus que c’est une excellente comédienne qui parvient néanmoins à donner un peu de sens à cette galéjade.

Le bateau arrive à quai. Emma s’extirpe sans difficulté du bateau, non sans avoir filé une raclée à deux hommes. Tout ceci est d’une invraisemblance sans nom. Elle aurait pu être capturée et tuée vingt fois.

Le chef des vilains embrasse des gens venus l’accueillir sur le quai : cinq ou six femmes. Emma, elle, s’empare d’une voiture, fait de la main un petit coucou au vilain et s’en va, superbement. Elle retrouve sa propre voiture, une décapotable magnifique, pendant que la voiture qu’elle abandonne reçoit une contravention.

Tout ceci est, on le comprend, sur un mode humoristique. Et si l’on prend les choses dans ce sens, on sourira peut-être de bon cœur.

Troisième partie : Macabre

Rebelote ! La même musique. Emma est attablée à une terrasse de café. On la surveille, une fois de plus, au moyen de jumelles. Elle arbore un foulard blanc qui encercle sa gracieuse tête. Le vilain et d’autres hommes sont sur le balcon d’un édifice, une banque. Le moustachu sort un briquet (qui fait talkie-walkie !). Nous sommes dans l’ère des gadgets à la James Bond. Il appelle le grand chauve, qui attend sa proie dans une voiture, en compagnie d’une poupée tueuse.

Emma s’arrête et découvre la poupée. Cinq types sortent de la Mercedes et s’avancent vers sa voiture pendant qu’elle caresse la joue de la poupée. Elle la balance dans leur direction. Grosse explosion.

Le grand chauve est indemne et se précipite vers elle. Scène de combat. Il tombe dans un ravin et Emma lui lance gentiment une fleur comme elle le ferait sur une tombe. Elle part, mais l’homme n’est pas mort.

Scène suivante : elle monte dans sa voiture (immatriculée D LT 688, le D représentant la région de Düsseldorf, et non pas l’Allemagne, si l’on se fie au site de Mike Noon), portant une sorte de mantille sur les épaules, par-dessus une sage petite robe noire. Un voiturier lui remet un message du moustachu, ce qui a le don de la faire sourire.

Elle arrive devant une belle demeure et aperçoit une calèche. Elle caresse un cheval, semble heureuse de vivre. Trois croque-morts lui proposent une dernière demeure. Cette scène est épatante, tout à fait dans l’esprit de la série. Elle se débarrasse de tous les vilains et file avec la calèche. Pourquoi ne pas prendre sa décapotable ? C’est vrai que c’est plus élégant ainsi… Le moustachu met son chapeau melon – qui semble trop petit pour lui – et enrage. Il a encore perdu !

Quatrième partie : Flamenco

Un danseur de flamenco. Olé ! Emma assiste au spectacle, coupe de champagne en main. Le grand chauve est là, lui aussi. Le moustachu minaude avec une dame brune aux yeux de chat. Il est installé à une table du restaurant où se tient le spectacle. Le grand chauve l’informe de la présence d’Emma. Cette dernière porte une tenue du plus mauvais goût : une robe courte avec des rayures horizontales, le tout étant très pailleté.

Encore une fois, soulignons la qualité des décors, qui rendent seule un peu crédible ces historiettes.

Emma regarde la photo et comprend que le danseur est le second agent d’Interpol et que sa vie est en danger.

Le danseur quitte la scène. Il se nomme Sali. Son nom barre la porte de sa loge. Emma s’apprête à le rejoindre. Le grand chauve a la même idée. Retour des poupées tueuses. L’une d’entre elles élimine l’homme selon un modus operandi identique. Avant même qu’Emma ne découvre son cadavre dans la loge, elle est capturée par le grand chauve. Celui-ci revient au restaurant et fait signe au moustachu que tout est réglé.

Emma se réveille ligotée et en très mauvaise posture. Le moustachu minaude avec la dame brune aux yeux de chat. Il est installé à une table du restaurant où se tient le spectacle. Elle est prise au piège d’une machine infernale, d’une sorte de pressoir qui descend lentement sur elle. Il s’agit de la scène du restaurant qui s’enfonce dans le sol. Le mécanisme est apparent et ressemble à de grandes bobines de film. C’est un rouage dentelé.

Le grand chauve descend afin de vérifier si le travail a été correctement fait et découvre, l’air abruti, que le mécanisme a été interrompu et que l’oiseau s’est envolé. Emma a bloqué l’engrenage avec une bague !!! Nous n’avions pourtant pas remarqué qu’elle en ait porté lors des scènes précédentes ! Emma s’amuse de la déconfiture du type. D’autant plus que cet imbécile enlève la bague et que le mécanisme se remet en marche !!! Il se retire mais… oublie sa main ! Tout ceci relève d’un comique plus ou moins adroit et plutôt moins, avouons-le.

Emma retrouve l’agent d’Interpol dans sa loge. Mort, figé dans une accusation, désignant du doigt quelque chose.

Elle bouge les lettres du mot « Flamenco » sur une affiche et un passage secret s’ouvre devant elle. Il s’agit d’une cache. Des tas de boîtes avec des poupées tueuses à l’intérieur ! Certaines d’entre elles dissimulent dans leur corps ce qui semble être des sachets de drogue. Elles sont pleines de mauvaises surprises ! Un homme vient avertir le vieux beau moustachu que quelque chose ne tourne pas rond. Il quitte sa poupée, bien vivante celle-ci.

Il prépare une seringue. Il fait une piqûre à une poupée. Il attend Emma dans la loge du danseur. Emma essaie, dans la cachette, de faire bouger une poupée… mais son chronomètre fait œuvrer celle que tient le vilain. Il est aspergé de liquide mortel. Il tombe enfin raide mort, tandis que la police vient chercher le grand chauve. Emma gratifie la caméra d’un rapide clin d’œil et porte un toast à notre santé.

Fin. The end.

Vidéos

Das Diadem

Der Goldene Schüssel
Das diadem in color

Minikillers

Operation Costa Brava
Heroin
Macabre
Flamenco

Conclusion définitivement provisoire…

Ces deux films muets, bien que crédités en continuité d’une bande sonore musicale, sont de véritables curiosités pour les fans des Avengers en général, et de Diana Rigg en particulier. Certes, il n’est pas indispensable de se mettre en quête de ces films perdus ou rares, mais ils constituent d’agréables bonus à notre série fétiche. On hésite constamment entre le fou rire devant le ridicule plus ou moins avéré de ces films et l’intérêt, malgré tout, qui finit bizarrement par l’emporter. Il y a quelques images plutôt savoureuses ou bien trouvées. Dans Minikillers, l’humour est davantage perceptible. Une scène en particulier m’a ravie et m’a rappelé le ton des Avengers, lorsqu’un poursuivant d’Emma, coiffé d’un chapeau melon, lui désigne un cercueil béant et l’invite à s’y allonger. Ceci devrait rappeler des souvenirs aux fans ! De même, la course folle d’Emma à bord d’un corbillard-calèche, dans la pure tradition victorienne, au beau milieu de l’Espagne et du XXe siècle (!) a de quoi enchanter, quelques instants, le fan (même tiède et grincheux) de Chapeau melon et bottes de cuir.

Nous ne retiendrons de ces séquences qu’une idée : le personnage d’Emma Peel, détaché du monde des Avengers (de Londres, de Steed, et de tout ce qui fait l’identité et le charme de cette série), pourrait peut-être survivre et donner naissance à un autre univers fictionnel. Qui n’a jamais eu envie de connaître la vie de Mrs Peel lorsqu’elle a quitté John Steed ? Qui n’a jamais eu envie de l’imaginer à la fois elle-même, mais différente ? Ces deux films ne permettent pas de satisfaire notre imaginaire vorace, mais ils soulèvent un instant ces questions.

Bien des hypothèses sont permises quant à la participation de Diana Rigg à cette mascarade… Le (relatif) mystère qui auréole ces petits films et leur non-reconnaissance par l’intéressée laisse à penser que des considérations financières ne doivent pas être étrangères à tout ceci. On peut légitimement se demander s’il n’a pas été réalisé pour le plaisir personnel d’un « particulier » qui avait les moyens de se payer cette fantaisie.

Mais rien n’est en mesure de confirmer cette mauvaise pensée.

  1. On peut encore acheter, à des prix variables (de 13€ à 150€ environ, selon l’honnêteté des vendeurs), ces deux films, soit en format original (donc infiniment plus cher), soit recopiés sur DVD (à un prix très abordable). Dans le second cas, il s’agit bien entendu d’une édition pirate, donc illégale. En tout état de cause, il est très facile de se les procurer sur internet. Attention, néanmoins, à certaines adresses qui encaissent votre argent sans possibilité pour vous de voir la couleur (façon de parler…) de ces films ! De plus, il existe des exemplaires de différentes qualités (de l’exécrable à la copie correcte), soyez donc vigilants. Merci de nous contacter si vous repérez une erreur ou une omission dans ce mini-dossier.
  2. Une critique de ces deux films dans la revue SHOCK CINEMA, qui semble s’intéresser aux curiosités et autres excentricités : issue #20 – Spring/Summer 2002.

THE DIADEM (1966) et MINI-KILLERS (1969)

Depuis l’enfance, j’ai été fasciné par Diana Rigg — sans doute grâce à ses apparitions hebdomadaires dans Chapeau melon et bottes de cuir, moulée dans sa combinaison noire façon cuir. Elle avait de la classe, elle assurait grave, son sens du style était impeccable — et c’était en plus une sacrée bonne actrice. Mais peu de ses fans ont connaissance de ces étranges productions amateurs, tournées à la fin des années 60, diffusées en 8 mm, et jamais reconnues par Rigg elle-même. Imaginez ces courts-métrages muets comme des stag films pour fétichistes d’Avengers : Diana y explose des types costauds à coups de karaté, dans un décor d’espionnage kitsch à souhait.

Si la carrière de Diana après The Avengers avait sombré dans le néant, on pourrait croire à une tentative désespérée de capitaliser sur l’aura d’Emma Peel. Mais ce n’est pas le cas : à cette époque, elle tournait dans des productions majeures comme Au service secret de Sa Majesté ou Le Dossier Odessa, et n’avait donc aucune raison apparente de participer à ces petites curiosités fauchées. Cela dit, je suis bien content qu’elle l’ait fait — et qu’un fan ingénieux ait fini par les transférer en vidéo.

Tourné en Allemagne, THE DIADEM est en noir et blanc, dure 13 minutes à peine, mais regorge d’action. On y voit Rigg piloter un avion avant de bondir dans une décapotable, tout en étant suivie par un type louche. À l’aquarium, elle nage avec des dauphins, perd par mégarde le fameux diadème dans le bassin, qu’un homme-grenouille ennemi s’empresse de subtiliser. En tentant de le récupérer, elle est gazée, fait une pause champagne, évite un serpent mollasson, applique la vieille astuce du « tirer-le-tapis-sous-les-pieds », et enchaîne les projections façon Emma Peel pour se débarrasser de ses agresseurs de série B. L’ensemble, bien que sans dialogues, est rythmé par une musique et des bruitages convenables. Mais le montage haché et les cadrages insolites donnent à ce film l’allure d’un hommage avant-gardiste aussi absurde que fascinant.

MINI-KILLERS est encore plus extravagant. Contrairement à THE DIADEM, ce projet espagnol de 28 minutes semble avoir bénéficié d’un minimum de budget, avec une qualité de production comparable à celle des EuroTrash de bas étage. Il est en couleur, ce qui rend les tenues de Rigg encore plus éclatantes. Hélas, le réalisateur W.V. Chmielewski n’a pas eu les moyens d’inclure du son synchronisé, ni même des dialogues post-synchronisés.

Divisé en quatre segments d’environ sept minutes, le film débute sur des génériques psychédéliques avant de plonger dans une intrigue d’espionnage farfelue, avec une poupée d’enfant qui assassine à l’aide d’un jet de poison. Diana Rigg apparaît en combinaison noire, met un colosse KO et commence à enquêter sur ces poupées tueuses. Dans la deuxième partie, elle bronze sur la plage tout en surveillant un yacht de luxe. Elle est bientôt piégée dans un filet de pêche, s’en échappe en bikini (ça ne s’invente pas), puis monte à bord du bateau. Là, même trempée, Diana prouve qu’elle est plus futée que la moyenne des méchants crétins de cinéma, et rassemble des preuves contre le riche commanditaire de ces engins meurtriers. Elle sera attaquée par des poupées explosives, capturée, mise en danger, combattra un homme de main chauve — et bien sûr, elle sauvera la situation.

C’est une bizarrerie délicieuse, et ses moments les plus irrésistibles tiennent surtout à la garde-robe de Diana (attention à la robe mini à rayures façon bonbon, c’est un coup à se brûler la rétine !) et à ses bolides ultra stylés.

Sans aucun doute, ces courts-métrages sont à voir absolument pour les Rigg-o-philes les plus acharnés. Ce sont des casseroles aussi fauchées que charmantes, et il est difficile de ne pas être intrigué par ce qui les entoure. Diana n’en a jamais parlé — et il est probable qu’on ne saura jamais vraiment pourquoi.

SHOCK CINEMA, issue #20, Spring/Summer 2002, page 18

À suivre…