minikillers
Conclusion définitivement provisoire…
Ces deux films muets, bien que crédités en continuité d’une bande sonore musicale, sont de véritables curiosités pour les fans des Avengers en général, et de Diana Rigg en particulier. Certes, il n’est pas indispensable de se mettre en quête de ces films perdus ou rares, mais ils constituent d’agréables bonus à notre série fétiche. On hésite constamment entre le fou rire devant le ridicule plus ou moins avéré de ces films et l’intérêt, malgré tout, qui finit bizarrement par l’emporter. Il y a quelques images plutôt savoureuses ou bien trouvées. Dans Minikillers, l’humour est davantage perceptible. Une scène en particulier m’a ravie et m’a rappelé le ton des Avengers, lorsqu’un poursuivant d’Emma, coiffé d’un chapeau melon, lui désigne un cercueil béant et l’invite à s’y allonger. Ceci devrait rappeler des souvenirs aux fans ! De même, la course folle d’Emma à bord d’un corbillard-calèche, dans la pure tradition victorienne, au beau milieu de l’Espagne et du XXe siècle (!) a de quoi enchanter, quelques instants, le fan (même tiède et grincheux) de Chapeau melon et bottes de cuir.
Nous ne retiendrons de ces séquences qu’une idée : le personnage d’Emma Peel, détaché du monde des Avengers (de Londres, de Steed, et de tout ce qui fait l’identité et le charme de cette série), pourrait peut-être survivre et donner naissance à un autre univers fictionnel. Qui n’a jamais eu envie de connaître la vie de Mrs Peel lorsqu’elle a quitté John Steed ? Qui n’a jamais eu envie de l’imaginer à la fois elle-même, mais différente ? Ces deux films ne permettent pas de satisfaire notre imaginaire vorace, mais ils soulèvent un instant ces questions.
Bien des hypothèses sont permises quant à la participation de Diana Rigg à cette mascarade… Le (relatif) mystère qui auréole ces petits films et leur non-reconnaissance par l’intéressée laisse à penser que des considérations financières ne doivent pas être étrangères à tout ceci. On peut légitimement se demander s’il n’a pas été réalisé pour le plaisir personnel d’un « particulier » qui avait les moyens de se payer cette fantaisie.
Mais rien n’est en mesure de confirmer cette mauvaise pensée.
1/ On peut encore acheter, à des prix variables (de 13€ à 150€ environ, selon l’honnêteté des vendeurs), ces deux films, soit en format original (donc infiniment plus cher), soit recopiés sur DVD (à un prix très abordable). Dans le second cas, il s’agit bien entendu d’une édition pirate, donc illégale. En tout état de cause, il est très facile de se les procurer sur internet. Attention, néanmoins, à certaines adresses qui encaissent votre argent sans possibilité pour vous de voir la couleur (façon de parler…) de ces films ! De plus, il existe des exemplaires de différentes qualités (de l’exécrable à la copie correcte), soyez donc vigilants. Merci de nous contacter si vous repérez une erreur ou une omission dans ce mini-dossier.
2/ Une critique de ces deux films dans la revue SHOCK CINEMA, qui semble s’intéresser aux curiosités et autres excentricités : issue #20 – Spring/Summer 2002.
THE DIADEM (1966) et MINI-KILLERS (1969)
Depuis l’enfance, j’ai été fasciné par Diana Rigg — sans doute grâce à ses apparitions hebdomadaires dans Chapeau melon et bottes de cuir, moulée dans sa combinaison noire façon cuir. Elle avait de la classe, elle assurait grave, son sens du style était impeccable — et c’était en plus une sacrée bonne actrice. Mais peu de ses fans ont connaissance de ces étranges productions amateurs, tournées à la fin des années 60, diffusées en 8 mm, et jamais reconnues par Rigg elle-même. Imaginez ces courts-métrages muets comme des stag films pour fétichistes d’Avengers : Diana y explose des types costauds à coups de karaté, dans un décor d’espionnage kitsch à souhait.
Si la carrière de Diana après The Avengers avait sombré dans le néant, on pourrait croire à une tentative désespérée de capitaliser sur l’aura d’Emma Peel. Mais ce n’est pas le cas : à cette époque, elle tournait dans des productions majeures comme Au service secret de Sa Majesté ou Le Dossier Odessa, et n’avait donc aucune raison apparente de participer à ces petites curiosités fauchées. Cela dit, je suis bien content qu’elle l’ait fait — et qu’un fan ingénieux ait fini par les transférer en vidéo.
Tourné en Allemagne, THE DIADEM est en noir et blanc, dure 13 minutes à peine, mais regorge d’action. On y voit Rigg piloter un avion avant de bondir dans une décapotable, tout en étant suivie par un type louche. À l’aquarium, elle nage avec des dauphins, perd par mégarde le fameux diadème dans le bassin, qu’un homme-grenouille ennemi s’empresse de subtiliser. En tentant de le récupérer, elle est gazée, fait une pause champagne, évite un serpent mollasson, applique la vieille astuce du « tirer-le-tapis-sous-les-pieds », et enchaîne les projections façon Emma Peel pour se débarrasser de ses agresseurs de série B. L’ensemble, bien que sans dialogues, est rythmé par une musique et des bruitages convenables. Mais le montage haché et les cadrages insolites donnent à ce film l’allure d’un hommage avant-gardiste aussi absurde que fascinant.
MINI-KILLERS est encore plus extravagant. Contrairement à THE DIADEM, ce projet espagnol de 28 minutes semble avoir bénéficié d’un minimum de budget, avec une qualité de production comparable à celle des EuroTrash de bas étage. Il est en couleur, ce qui rend les tenues de Rigg encore plus éclatantes. Hélas, le réalisateur W.V. Chmielewski n’a pas eu les moyens d’inclure du son synchronisé, ni même des dialogues post-synchronisés.
Divisé en quatre segments d’environ sept minutes, le film débute sur des génériques psychédéliques avant de plonger dans une intrigue d’espionnage farfelue, avec une poupée d’enfant qui assassine à l’aide d’un jet de poison. Diana Rigg apparaît en combinaison noire, met un colosse KO et commence à enquêter sur ces poupées tueuses. Dans la deuxième partie, elle bronze sur la plage tout en surveillant un yacht de luxe. Elle est bientôt piégée dans un filet de pêche, s’en échappe en bikini (ça ne s’invente pas), puis monte à bord du bateau. Là, même trempée, Diana prouve qu’elle est plus futée que la moyenne des méchants crétins de cinéma, et rassemble des preuves contre le riche commanditaire de ces engins meurtriers. Elle sera attaquée par des poupées explosives, capturée, mise en danger, combattra un homme de main chauve — et bien sûr, elle sauvera la situation.
C’est une bizarrerie délicieuse, et ses moments les plus irrésistibles tiennent surtout à la garde-robe de Diana (attention à la robe mini à rayures façon bonbon, c’est un coup à se brûler la rétine !) et à ses bolides ultra stylés.
Sans aucun doute, ces courts-métrages sont à voir absolument pour les Rigg-o-philes les plus acharnés. Ce sont des casseroles aussi fauchées que charmantes, et il est difficile de ne pas être intrigué par ce qui les entoure. Diana n’en a jamais parlé — et il est probable qu’on ne saura jamais vraiment pourquoi.
SHOCK CINEMA, issue #20, Spring/Summer 2002, page 18
A suivre…